Les Dolo, un mythe !

Ma première visite des Dolomites remonter à plus de 20 ans. A l’époque, je n’avais pas eu idée de venir en VTT, l’objectif était plutôt d’enchainer les vie ferrate, ces itinéraires équipés d’un câble en plein coeur des falaises. J’en avais gardé un souvenir assez incroyable, ces tours de calcaires plantées au-dessus de ces forêts verdoyantes. Il y a quelques années avec Nico et Narbaix du crew VTOPO nous avions été dans les Brenta, au-dessus de Milan. Car les Dolomites sont un immense massif qui court jusqu’à la frontière Slovène. Nous n’avions pas été très convaincu de ce que nous avions roulé à vrai dire, les trails n’étaient pas les meilleurs et nous étions un peu loin des massifs rocheux. Désormais, je suis à la recherche de quelque chose de plus minéral, plus intérieur et surtout plus beau ! Les infos sont difficiles à trouver, je passer des heures à éplucher internet et les cartes que j’ai déjà dans mon bureau. Rien de bien concret se dessine. Je contacte Pascal Gaudin, de chez Velorizons VTT. Pascal c’est celui qui a traversé les Alpes en autonomie depuis la Slovénie jusqu’à Nice. Chez VTOPO, nous avions publié son histoire, une aventure hors norme à travers les Alpes. Pascal connait bien les Dolomites, il y va régulièrement avec des clients dans le cadre de son agence. Avec sa gentillesse légendaire, il concocte un petit briefing bien complet. Je retourne sur les cartes, excité de pouvoir vraiment avancer. En quelques jours, je boucle le trip, prépare la logistique, les itinéraires, les traces, les repères, les durées, les difficultés rencontrées. Mais aussi les plans B, C ou D, utiles en cas de casse, problème ou de météo capricieuse. Car dans les Dolomites, le temps est un des facteurs de réussite du projet. Il faut s’attendre à des orages parfois violents presque tous les après-midi d’août… Direction l’Est, de France, le trajet est long. Il faut en moyenne 8h depuis Marseille pour rejoindre les Dolomites. Nous sommes 2 à partir, je suis accompagné par Stéphane, un vieil ami, qui rêve de Dolomites depuis très longtemps. Nous arrivons à Nuova Levante vers 15h, il fait un soleil de plomb. Nous sommes en pleine canicule sur l’Europe, les Dolomites n’y échappent pas. Le ciel est chargé, mais pas menaçant. Le trip est conçu sur des parcours à profil descendant, nous utiliserons des moyens différents pour partir des points hauts : télécabines, télésiège, van déposé et remontée en stop ou en VAE… Car Stéphane roule en électrique. Nous commençons en douceur pas une descente facile en bike park. Cela permet de se roder et d’ôter la fatigue du voyage. Puis on grimpe à nouveau au sommet du domaine pour un bel itinéraire qui passe par le magnifique lago di Carrezza. Le début est vraiment beau, le sentier qui tournicote en forêt est parfaitement stabilisé via un revêtement de graviers fins. On a vraiment l’impression que le sol a été aménagé ainsi. Plus bas, autour du lac, c’est la cohue. Le site est magnifique mais bondé de monde. C’est une première alerte que nous ne captons pas. La dernière partie est superbe, joueuse, rapide, dans les bois. On file à bonne allure. Le temps d’aller chercher le van en stop, nous dénichons un petit resto dans les alpages face aux montagnes, le pied. Le diner est parfait, il se met à pleuvoir. Toute la nuit, il tombe des cordes, nous verrons bien demain. Comme c’est le cas très souvent ici, le matin, il fait grand beau. La journée s’annonce magnifique avec des orages à partir de 15h. Nous démarrons tôt par un itinéraire en forêt. Mauvaise pioche, avec la pluie de la nuit, le terrain est miné, trempé, boueux… Nous finissons en bas dans un état pas possible. Je remonte en stop chercher le van, mais je plante 20 minutes au départ. Un couple d’italiens m’embarque, rapidement nous sommes stoppés dans les bouchons, c’est la 2ème alerte. Je commence à comprendre qu’il va falloir faire avec. Finalement cette rotation nous fait perdre presque 2 heures… Nous attaquons notre 2ème itinéraire de la journée il est midi… Nous grimpons sous les falaises de la Cima Catinaccio. Après 500 m de dénivelé positif bien raide, on atteint le sentier de ceinture. Le temps a bien tourné, nous qui étions venus dans l’après-midi pour la lumière sur les falaises c’est raté. En prime, nous croisons un nombre incalculable de piétons. Ca y est, nous venons de comprendre qu’il ne faudra plus se trouver sur de tels sentiers l’après-midi. Plus loin, le temps devient très menaçant, le tonnerre se faire sentir. On accélère les cadences, nous sommes plus très loin du refuge. Les gouttes se font de plus en plus grosses, nous croisons des familles entières qui quittent le refuge, au moment le plus délicat. Nous avons à peine le temps de nous abriter sous une avancée de toit qu’un déluge d’eau et de grêle s’abat sur la montagne. Nous pensons à toutes ces familles inconscientes qui sont parties au plus mauvais moment. Nous profitons pour déjeuner une bonne polenta locale. Les orages sont toujours violents mais de courtes durées dans les Dolomites, nous prenons notre temps et attendons que l’eau s’évacue des sentiers. Nous entamons la descente sous une jolie éclaircie. La descente est magnifique. Il nous faut une bonne heure pour rejoindre la vallée. De retour, nous chargeons le van et nous mettons en quête d’un centre de lavage auto. Par chance nous trouvons un station en libre service et couverte. Nous calons le van à l’abri et lavons avec soins nos montures. Le déluge reprend de plus belle… Je profite pour changer mon Squale arrière. Grâce à la pompe bodybuildée de BlackBurn, le montage des tubeless est un jeu d’enfants. Au réveil, il fait grand beau. Le ciel est pur, le soleil n’est pas encore levé. Cette fois-ci, nous avons bien retenu la leçon. Nous démarrons notre itinéraire au passo Sella, le haut des montagnes commençant à s’illuminer. C’est une nouvelle traversée, magique, dans les alpages. Personne mis à part nous et un troupeau de chamois qui fuit à notre arrivée. Nous alternons montées et descentes jusqu’à un magnifique refuge typique du tyrol. Nous entamons une longue descente dans la vallée. Nous traversons un habitat de marmottes, elles se mettent toutes à siffler à notre approche. Puis le sentier plonge dans les bois pour à nouveau un formidable moment de pilotage. De retour dans la vallée, à Canazei, nous décidons de découvrir les itinéraires du bike park. Après 2 télécabines, nous venons de prendre 1000 m de dénivelé positif. Tout là haut, la vue sur le Passo Pordoï est fantastique. Nous attaquons les premiers virages relevés, ça déroule facilement. Après 500 m de descente, nous entrons dans les bois. Les pluies de la veille ont rendu le terrain particulièrement glissant, il faut jouer fin. Nous arrivons en bas sans encombre. Sur la piste cyclable de la vallée, nous trouvons une marchande de fruits, nous la dévalisons : myrtilles, fraises, framboises… Cela fera office de déjeuner. Avant de reprendre le van au passo Sella, je m’offre une dernière descente sur la vallée par un sentier pédestre. Encore 1000 m de dénivelé avalés en moins de 20 minutes. Je retrouve Stéphane tout en haut puis nous prenons la direction du Passo Gardena, la dernière descente de la journée nous attend et pas des moindres, encore 1000 m jusqu’à Corvara. Repos bien mérité. Nouvel journée mais toujours sur les vélos. Nous remontons au passo Gardena et attaquons une nouvelle traversée. La lumière est magique, c’est incroyable. Cet itinéraire est très panoramique avec des vues exceptionnelles sur falaises du groupe de la Sella. Après 2 bonnes heures de ride, nous attaquons le bijou de la journée, un trail tout en virages, admirablement propre dans les bois… Nous descendons les 700 m de dénivelé avec un sourire qui en dit long. Il est encore tôt, c’est parti pour le deuxième itinéraire de la journée. Après avoir embarqué dans le télésiège de Pralongia, nous arrivons sur une crête superbe face à la Marmolada. La qualité du terrain est exceptionnel… Nous filons ainsi jusqu’au passo di Campolongo. Mais la suite va laisser des traces, nous remontons presque 500 m de dénivelé sous une chaleur accablante et sur une piste très raide. De l’autre côté, l’itinéraire n’en fini plus, nous terminons dans une autre vallée, plutôt peu fréquentée… Parce que nous sommes un peu maso, nous terminons notre journée au passo Falzarego avec une nouvelle descente bien longue sur Cortina. Nous finissons tard et demain il faut encore se lever tôt ! Et c’est une grosse journée. Du Passo Falzarego, nous allons enchaîner plus de 30 km de traversée en balcons. Autant dire qu’il ne faut pas trainer car l’après-midi, nous sommes aux Tre Cime du Lavaredo. Nous partons encore à l’aube, sous un ciel limpide. Nous ne trainons, l’itinéraire est assez roulant, mais présente quelques bonnes remontées. Les vues sur les Tofane sont splendides. Après 2 bonnes heures de vélo, nous attaquons un chemin bien roulant en balcon, avec vues plongeantes sur Cortina. Tout au bout, à nouveau le Graal et un sentier d’exception… 700 m de dénivelé de pur plaisir, rapide, joueur, ludique… Incroyable. Retour dans la vallée, remontée en stop (à nouveau laborieuse) et direction les Tre Cime. Nous laissons passer un orage puis empruntons la route payante pour accéder au parking d’Auronzo. Ici, ce sont les Champs-Elysées, mais ce n’est pas une surprise tellement le lieu est mythique. Nous prenons le chemin des Tre Cime en slalomant entre les piétons. Après avoir dépassé le refuge, nous sommes surpris par une averse, nous faisons vite demi tour pour nous mettre à l’abri. Le choix est judicieux, l’averse dure et commence à vider la montagne, intéressant. Nous repartons vers 17h00 et avons le droit au plus beau des spectacles sur les Tre Cime : le soleil après l’orage embrase ce site magnifique, nous sommes quasiment seuls. Nous avons profitons pour faire une série de photos puis grimpons à l’assaut d’un sentier en balcon. J’avais repéré cet itinéraire qui semblait être parfait pour dominer les Tre Cime. Sauf que c’est une via ferrata ! Je décide de jouer les funambules sur ces vires exposées, la lumière est exceptionnelle, nous restons concentrés pour réussir nos images, mais cela demande de faire plusieurs fois ces passages exposés. Je termine fatigué cette séance, mais très excité de profiter du dernier rayon de soleil au sein de ce monde minéral. De retour à la voiture de nuit, nous avalons une solide pizza puis prenons place dans le van pour une courte nuit. Le lendemain, Stéphane décide de ne pas rouler. Je pars donc seul découvrir ce territoire. Je chemine jusqu’au refuge de Pian di Cenghia, mais je sens que je n’ai plus de jus. Je souffre dans les montées, mais trouve toujours du plaisir dans les parties descendantes. L’environnement minéral autour du refuge est assez incroyable, cela me donne quelques idées pour revenir un jour ! Sur le chemin du retour, je plonge dans la vallée pour enchaîner un trail de plus de 1500 m de dénivelé négatif. Stéphane m’attend en bas comme convenu au point de rendez-vous. Alors que nous avons fait le plus beau et ce que nous souhaitions de plus, la dernière journée est plus cool. On roule autour de Cortina tout en profitant de nos derniers tours de roues ici. Nous arrêtons notre ride vers midi pour déjeuner puis reprendre la route vers la France. Ces Dolomites resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Et puis surtout, maintenant, nous savons que dans ce secteur, il y a de nouveaux trails à découvrir ! Y ALLER : Depuis le Sud, via l’autoroute A8 puis A10 (attention au passage de Gênes depuis l’effondrement du viaduc) puis suivre la direction Venise. Du Nord, on peut passer par les Alpes et les différents cols et tunnels. TOUTES LES INFOS : Le site de Saint-Gervais Mont-Blanc est très bien fait : www.saintgervais.com. OÙ MANGER / OÙ DORMIR : Ce ne sont pas les structures qui manquent, les Dolomites sont avant tout composés de stations de ski. Donc l’offre est importante. On vous conseille de manger local, les plats tyroliens ne manquent pas à la carte. Ou alors il vous reste les excellentes pates quelque soit le restaurant. A FAIRE SUR PLACE : Sur un séjour plus loin, il est fortement conseillé de faire quelques vie ferrate (via ferrata au singulier). Pour cela il vous faudra l’équipement adequate et une bonne expérience de la montagne. Nous vous conseillons dans le groupe de la Sella, la via Tridentina ou la Lipella à Cortina.

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